Le buron n’a pas que du bon ! En particulier pour
préparer un voyage… C’est ce que je me dis et redis en cette dernière semaine
en Géorgie. Car, coincé entre mon peu d’envie de délaisser La Zutterie (pour
m’y pousser, il faut l’urgence de quelques courses ou surtout la perspective de
retrouvailles lydylliques) et mon accès difficile et trop bref à l’internet, je
n’ai guère vérifié, négocié ni préparé cette première virée de reconnaissance
en Caucase.
C’est ainsi qu’hier matin je me retrouvais avec la
perspective d’être enfermé trois jours (vendredi, samedi et dimanche) tout seul
à l’hôtel à Tbilissi avant de reprendre l’avion dans la nuit de dimanche à
lundi ! Enfin, si vendredi était férié j’avais quand même une réunion
l’après-midi et un dîner sur paysage urbain au soir. Et puis, ce n’est que
samedi en matinée que disparaîtrait mon « japonais » (non, ce n’est
pas un jeu de mot facile, c’est la façon dont j’ai pu me souvenir rapidement du
prénom de mon interlocuteur ici : il est hollandais et francophone, la
seule personne avec qui j’aie pu parler longuement pendant ces semaines et
partager des moments sympathiques, mais il s’appelle Jaap… drôle d’idée,
non ?) Mais qu’il était dur de me motiver au réveil du vendredi !
Soudain survint l’illumination… Si j’ai l’habitude de
circuler dans le monde sans bouger de mon buron, errant librement de
souvenances en amitiés, je peux aussi procéder à l’inverse : errer du côté
de La Zutterie sans bouger du coin du monde où je me trouve ponctuellement.
C’est ce que j’ai fait.
Je me suis branché en Google Earth et j’ai dérivé pendant
quelques heures. J’ai d’abord cherché Valcivières et l’ai trouvé… de suite.
Puis j’ai situé et regardé le buron des Fayes tel qu’il était en janvier 2004,
quelques mois avant que je ne l’achète. Alors je suis parti en balade, quêtant
le Plateau des Egaux, Pégrols, les hauteurs de Monthallier, le toit à présent
défoncé du buron que je contemple là-haut depuis chez moi.
Je me suis retrouvé en rando avec ma crapahuteuse sur les
sentiers que nous avons déjà partagés, sur ceux qu’elle découvre sans moi et me
raconte pour me motiver à sortir de mes bois, sur ceux que nous rêvons
d’entreprendre quelque jour.
Fatigué par tous ces parcours, je suis revenu à mes
propres visiteurs. J’ai tracé pour eux les chemins qui du Perrier conduisent à
La Zutterie. J’ai situé le cyberburon qui, en témoin indispensable, les aide à
comprendre la vie d’autrefois dans ces contrées. Je me suis émerveillé devant
l’aura de l’énorme fayard tout proche que j’aime leur montrer quand la voie est
libre.
Que c’est étrange ! Il a fallu une matinée en
Géorgie pour que j’apprenne à mieux connaître les paysages qui m’entourent en
Auvergne. C’est donc bien vrai : l’internet a du bon ! Mais sans
exagérer : c’est en marchant qu’en ce samedi je me suis enfin lancé à la
découverte de cette ville. Oui, c’est sûr, j’en suis rentré avec une ampoule au
pied, ce qui ne me serait pas arrivé avec Google Earth… Mais le plaisir n’est
pas le même non plus.
Le buron aussi a du bon. La preuve ? Il a fallu que
j’y revienne pour être enfin capable d’y terminer ce petit billet. Les énergies
que j’y ai retrouvées, alors que je ne suis ici que depuis hier, m’ont déjà
dopé !
Tbilissi, le samedi 15 octobre, et La Zutterie, le vendredi 21 octobre 2011