lundi 30 avril 2012
17. Depuis les Andes d'Amérique
Ce billet a été écrit en espagnol et je n'ai guère loisir de le traduire en ce moment. Les intéressés peuvent le voir sur le blog en espagnol.
vendredi 27 avril 2012
18. La vraie solitude, c’est celle du consultant
Souvent je ressens chez les autres un certain trouble
face à mon goût de la solitude en buron d’Auvergne. Je m’essaie alors à comprendre
un peu mieux qui je suis, le pourquoi de cette tendance.
La première explication qui me vient est généralement l’entraînement
vécu à la ferme natale, en Champagne. Elle était isolée et je n’y ai guère
développé le sens des relations. Bien sûr, entre parents et enfants nous étions onze, mais déjà ma nature me portait à me mettre à l’écart, à vivre beaucoup
dans ma tête, dans mes rêves et mes délires.
Une autre piste qui sourit à mon esprit c’est que depuis
plus de quarante ans je suis devenu « étranger ». En Amérique Latine
bien sûr où j’ai passé le plus clair de mon temps, mais en France également
puisque j’étais devenu tellement « autre » que je ne m’y
reconnaissais pas, qu’encore je ne m’y reconnais guère.
Aujourd’hui je viens de découvrir une vraie raison. Elle
m’est tombée dessus alors que je me traînais dans mon appartement, à La Paz,
incapable d’écrire le rapport attendu parce que je ne réussissais pas à
atteindre ce degré extrême de concentration qui me permet de dire et non pas de
faire du simple remplissage : ¿comment pourrais-je me sentir seul au buron
alors que j’ai passé tant d’années dans une des pires sortes de solitude, celle
du consultant qui navigue de pays en pays, d’hôtel en hôtel ?
Le Caucase où je suis autiste semblait vraiment extrême.
La Bolivie allait-elle me régénérer en plus de m’offrir un quotidien en
espagnol ? En fait, il ne s’agit pas seulement de la Bolivie. Pour pouvoir
y venir j’ai accepté d’être évaluateur et aujourd’hui la solitude du métier m’a
pris dans ses serres et m’a étouffé. Quand j’ai enfin, cet après-midi,
abandonné l’obsession de la feuille blanche et remis à demain, c’est au buron
que je me suis évadé…
Au départ je craignais de ne pas être capable d’y
travailler. Les conditions rustiques n’étaient pas évidentes. Devrais-je me
remettre à la machine à écrire faute d’énergie pour mon ordi ? Valait-il
la peine d’acquérir un bon fauteuil de bureau pour supporter les sessions
fessières ? Et voilà qu’au contraire le buron est devenu mon lieu préféré
pour écrire. Pourquoi ?
Parce que je n’y suis pas seul. Parce qu’il me suffit de
sortir pour entrer en partage avec la nature, avec le milieu, avec les éléments,
et de m’y ressourcer. Oh, je savais bien qu’il n’est pas pire solitude que
celle de la ville, du moins pour celui qui n’y est pas entraîné, qui n’en a pas
la fibre. Mais je ne m’attendais pas à me laisser surprendre par l’intensité d’une
telle souffrance.
Mais bon, demain je quitterai la ville. Pour aller dans
une autre, Cochabamba, mais cette fois j’y serai en famille, en partages, en
complicités. J’y rechargerai mes batteries aux sources de l’amitié, des valeurs
communes, des parcours de vies qui se croisent et se rejoignent depuis des décennies
maintenant. Et la semaine prochaine ce sont ces présences ravivées que je
rapporterai aux Fayes et qui m’y accompagneront.
Dire qu’aujourd’hui je devais écrire sur des histoires de
gestion du risque de catastrophes naturelles et sur le changement climatique !
Rodrigue, qui l’eût dit ?
La Paz, Bolivie, le vendredi 27 avril 2012
Inscription à :
Articles (Atom)