Cet hiver est plus neigeux que mes deux précédents. Ce
qui n’est pas pour me déplaire car c’est une nouvelle dimension qu’il me faut
apprentir. D’autant plus que j’avais brusquement décidé de mettre l’enfermement
à profit pour des travaux à l’étage et qu’il n’y avait plus d’accès voituré
pour monter les matériaux. C’était l’occasion d’éprouver les capacités de la
brouette magique. En janvier deux chargements avaient réussi à grimper en plein
redoux.
En ce début février nous avions besoin d’un nouvel
apport. Mais point de vrai redoux. L’homme de l’abristophe m’aida et c’est un
téméraire. Contre toute attente il triompha, seul et avec grand panache. De
nouveaux horizons chenillants s’ouvraient devant moi. Ce qui me convertit à
l’audace. Le mercredi 6, alors que commençait un autre épisode neigeux et dans
un froid glacial, nous nous lançâmes ensemble à l’abordage.
Ces photos ne représentent que la partie du bas, proche
du hameau du Perrier. Par la suite, plus de temps pour enregistrer des
images : le photographe passait devant pour nettoyer les congères et moi
je poussais la magibrouette. Une heure et demie pour les huit cent
mètres ! Mais… nous sommes arrivés et la panne sèche n’intervint qu’à
quatre mètres du but. Il faisait si froid que l’appareil photo refusa de graver
ce souvenir glorieux.
Je devais partir en Champagne le vendredi 8. Mais le
jeudi 7 au matin, ma porte d’entrée m’avertit gentiment : c’est maintenant
ou jamais !
Alors, à bientôt buron…
De loin, pendant dix jours, j’ai suivi l’évolution des
neiges sur mon versant : près d’un mètre s’était accumulé ; le retour
s’annonçait folklorique. J’ai donc préféré voyager de nuit pour pouvoir, au
petit matin, affronter la réalité. Je me suis seulement chargé de ce minimum qui
ne pourrait survivre dans la voiture aux glaces d’une ou deux éventuelles
nuits : je savais qu’il me faudrait pelleter avant de pouvoir atteindre et
ouvrir ma porte.
J’ai effectivement beaucoup pelleté, mais… de la neige
s’était introduite dans les interstices, avait gelé et faisait pression sur le
panneau. Impossible de débloquer, il fallait tirer pour que la clé
fonctionne : la poignée m’est restée dans la main. J’ai donc eu recours à
l’entrée de secours.
Puis j’ai repris la pelle. Après un séjour éprouvant en
Champagne (la vie d’ermite n’est pas un bon entraînement au stress) il me
fallait défouler. Donc de l’exercice.
Eh oui, ma terrasse favorite est à présent un creux au
milieu de remparts de neige.
Mais quel réconfort qu’un apéro avec ce paysage !
Le vendredi 22 la neige recommençait, j’ai fait une
nouvelle expérience. Au lieu de sortir faire la trace, les traces, je me suis
installé auprès du feu avec un roman de 2500 pages, sans même mettre le nez
dehors. Mais aujourd’hui je sais que la cure prend fin : la neige va cesser
ce soir et, si je ne déblaie pas, bientôt mes fenêtres seront complètement
obstruées.
De plus, demain il me faudra sortir et monter au
cyberjojo (il remplace l’ancien cyberburon à présent envahi d’ondes
malfaisantes) pour poster ce billet sur mes ébats et débats de neige. Mais ça
ce sera une autre aventure…
Les Fayes, le lundi 25 février 2013