lundi 25 mars 2013

Des longueurs et langueurs d’hiver lent au Bloody Buron


La première semaine de mars m’offrit un chatoiement d’énergies, celles que l’on oublie en hivernage. Je commençais à fatiguer de mes lectures et des rythmes lents d’un temps en retrait. Et voilà que la neige fondait. Mieux encore le chant des oiseaux avait changé, il annonçait le printemps, j’avais pu me laisser ravir par deux vols nuptiaux dans le ciel. Les envies bondissaient. J’avançais gaillardement dans la liste des poubelles à descendre et des courses lourdes à remonter dès que Caucase, la brouette magique, pourrait passer.
Je m’étais décidé pour le lundi 11. Mais voilà que j’étais trop frustré de mes activités physiques en extérieur et j’ai pris prétexte d’une urgence de lune nouvelle pour me lancer à abattre des arbres afin de mieux dégager la voie de bas de pré. Demain !
Mais le lendemain le climat était radicalement retourné à l’hiver et, puisque lune nouvelle, ce ne serait pas que ponctuel mais tout un cycle ! J’avoue que j’ai déprimé. La longueur hivernale n’avait plus ses largesses d’ermitage mais engendrait plutôt une langueur étriquée. Il a fallu deux jours, et le retour en force de la neige, pour m’en remettre. Oui, le retour de la neige car elle offre ses vues et ses tâches. Par exemple : pour « voir » il faut creuser en face de portes et fenêtres et c’est là une tâche assez marrante…
L’absence de nouvelles de mon prochain voyage au Pérou n’était pas non plus pour me remonter le moral car tout mon programme de printemps dépendait autant du climat que de cette éventuelle mission. Mais que la montagne était belle devant ma porte !
Et puis j’avais l’occasion de consacrer trois ou quatre heures par jour à me préparer à un petit boulot en lien avec le Maroc. Eh oui, je me suis fait avoir : le thème et la méthode m’ont interpellé et je vais essayer de jouer le jeu en essayant de ne pas trop tutoyer mes limites.
C‘est ainsi que je suis resté trois semaines sans descendre en ville, même pas au hameau du Perrier. L’occasion de liquider tant de provisions faites à l’automne et de vérifier ma gestion des stocks. Or le vide ne se ressentait que pour les légumes frais et les apéros, ainsi que l’essence pour le groupe. Pour les premiers, il n’y a pas le choix : il faudrait descendre. Pour les seconds, qu’ils sont lourds à porter !
Je me suis donc juré d’être plus prévoyant l’année prochaine. Mais il ne s’agit pas que de tirer des leçons pour l’avenir : il faut être créatif. J’ai donc partiellement résolu les deux premiers déficits en instaurant une nouvelle sorte d’apéro, le Bloody Buron. A la base c’est le Bloody Mary sauf que l’on fait… avec ce que l’on a sous la main. Le premier conjuguait velouté de tomate, tabasco, sel, poivre et whisky. Mais je me suis dit que je pourrais essayer d’autres veloutés…
Et voilà comment, le jeudi 21, jour du printemps, j’ai émergé pour aller à Ambert faire quelques courses essentielles au marché et d’autres très bloodyesques, du style vrai jus de tomate, vodka, sel de céleri, sauce worcester… Dans l’urgence, pas besoin d’autres légumes, un Bloody Buron ça m’offre déjà de la tomate, du céleri et du piment ! Si j’ajoute le jus d’orange au matin, le jus de raisin du vin et la prune du Philippe au soir, j’ai bien plus que les cinq et je suis dans la morne norme.
Le pied ! D’ailleurs la fête fut complète. Profitant de la présence du Christophe, mon guide ès ambertises, j’ai même découvert cette « cantine » bimensuelle dont j’entendais parler depuis plus de dix ans. Quelle bombance ! Et plein de légumes. A présent le printemps arrive, j’espère que les pissenlits seront à la hauteur.
Les Fayes, le dimanche 24 mars 2013