vendredi 28 février 2014

Découverte du hamac des neiges

La fin février est, comme presque chaque année, l’occasion d’une vie sociale plus intense. Les vacances scolaires apportent leur lot de voisins venus se dégivrer dans les burons des moiteurs de vies plus urbaines et se retrouver en partages de raquettes, balades, tables garnies et causeries soit sérieuses soit nostalgiquement gaillardes.
C’est pour moi une sorte de retour sur terre après l’hibernation qui peut être parfois languissante et qui fut cette fois extrêmement réjouissante. Retour sur terre dans la mesure où cela se traduit par un retour au calendrier : les jours de la semaine retrouvent un sens, les réveils un programme établi, les journées un horaire, les mots des interlocuteurs. Avec, étrangement, une certaine continuité animale ce mois-ci puisque mes récentes lectures arctiques se sont vues proposer des titres souvent dans la même veine avec, en provenance de Nantes, un lièvre (celui du Vatanen de Paasilinna) et un pingouin (celui de Kourkov), et, de la part d’Uzès, un loup et de vieilles hulottes. Je ne serai pas dépaysé.
Non pas que j’en aie aperçu beaucoup des animaux ces temps-ci car la neige a fait un retour en force à la mi-janvier. Les abondantes grives de fin d’année ont disparu avec les dernières graines de sorbiers, qui furent fort abondantes. Le passage des bouvreuils fut rapide. J’ai entendu aboyer quelques chevreuils mais n’en ai vu qu’un. Un renard m’a salué un matin. Quelques traces m’ont intrigué mais moins que d’ordinaire.
En fait, ce fut l’hibernation parfaite. Plus d’un mois sans descendre faire de courses à Ambert, sans allumer l’ordi plus que tous les dix ou quinze jours, sans sortir presque de mon petit territoire, avec un bon feu et avec… mes visiteurs rituels. Evidemment il y a mon voisin Jean-Baptiste, quand un bon soleil et l’état des routes l’éclatent par ici. Il y a aussi le Tophe de mon abri qui, depuis le hameau des Versades, traverse à pied, en neige, en un ou en deux. J’ai même reçu ma fille Yara et son compagnon Daniel.
Surtout, il y a Yank, l’apiculteur du Perrier, que sa chienne Gaïa entraîne régulièrement dans la montagne et qui lui autorise souvent une pause-café dans mes murs. Je commence à bien connaître Gaïa et je deviens capable de prévoir les arrivées et donc de m’entraîner à dérailler ma voix oubliée et d’accommoder le moment du café chaud.
Cat et Yank en terrasse d'hiver

Cette année, cerise sur le gâteau, j’ai même eu la surprise de montées en couple du Perrier : Maryse et Jean-Claude d’abord ; Cat et Yank ensuite. C’est dire que l’hiver est doux. C’est dire que la montagne est belle. C’est dire que la vie a du goût.
La neige est une des clés de ce goût, de cette beauté. Elle m’a même décidé à ressortir l’appareil photo. Je ne voulais pas m’enfermer dans la routine facile des paysages enneigés. En fait, depuis le moment, en juin en Amazonie péruvienne, où j’avais dû choisir entre la photo et le vrai plaisir du moment, j’avais une certaine résistance à mettre en boîte des lieux et des instants que j’aime mais dont je ne sais pas rendre l’âme dans l’image.
Comment ne pas devenir contemplatif?
Ces bois tordus, quel guignol !

Ce qui m’a décidé, c’est le hamac de neige. Le hamac, c’est connu, c’est pour se prélasser au soleil. Cette fois, j’étais si enjoué par mes contemplations qu’un jour j’ai sorti le siège-hamac pour mieux en profiter. Et j’ai découvert que c’est génial car il est très facile à suspendre, à décrocher, à sécher. Je l’ai adopté. J’ai mon hamac des neiges. Il est vieux, il vient du Nicaragua. Je l’ai copié en photo. Il faudra qu’un jour je le baptise au rhum.


Les Fayes du Perrier à Valcivières, le mercredi 26 février 2014

1 commentaire:

  1. Nico du Pythéas7 mars 2014 à 10:05

    Demandez à Jb, s'il est celui que je connais, de vous évoquer nos escales sorlingaises, normandes, lyonnaises, parisiennes ou marseillaises. Mais peut-être en avez vous déjà ri ensemble ?
    Rappelez lui aussi que "le pire des reniements, le plus grand désespoir est de jeter l'ancre dans son pays et de vivre de souvenirs."

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